[-empyre-] Returning



Yesterday the funerals were very strange... Des funérailles avec le plus
grand dépouillement de la cérémonie, ce qui n'avait rien de surprenant
sachant qui était Jean, mais des fleurs apparurent sur sa tombe après que
tout le monde ait quitté les cimetière ; cinq ou six personnes que je ne
connaissais pas, jeunes et moins jeunes, étaient revenues près de sa tombe,
et s'y tenaient, debout, devisant tranquilement.

C'était étrange car une des journées les plus polluées de la saison à Paris.
Le stationnement avait été déclaré gratuit dans toute la ville, il faisait
doux et il y avait du soleil, de sorte que personne ne s'empêcha la
flannerie aux terrasses des cafés... Ce qui porta très bas l'énergie du
travail, au retour des retrouvailles à propos de l'inhumation de Jean. Au
lieu de somnoler devant l'écran de mon ordinateur, je me suis allongée sur
mon lit, choquée, épuisée, incapable de faire quoique ce soit d'autre que
rester dans un état de rêve éveillé...

Just having speak with Paul Virilio by phone today, because yesterday he was
told having a problem just in the station, waiting the train (he is living
at La Rochelle) to come in Paris ; he is really shocked that one says Jean
was a nihilist, at the moment his philosophy was all the contrary a research
dedicated to the continuation of struggling to common the life, and both
more, not as Christian as Virilio stays one, but a critical philosophy
dedicated to the emergent immanence of being in our times: all the contrary
of nihilism. The message of the answer being: what's to be done? To whom
does not pray and write - Virilio said;-): only think and write - write to
contribute the thought to the life - but totally,  without reserve on the
free thinking that does not mean opinion nor sentimental feelings but think
by installing your heart just in your mind - he said - what was the very
exclusive way whatever you beleive or not in God... More that Jean the day
before he dead said him by phone, "suffering is not over..." as well his
proper one till he would died, expressed by a way the suffering of others
going on after his dead - thinking till the last moment of his life as being
simultaneously in distance/with other beings.

Here is the biography which joining several others I am working in
fr.wikipedia, it is not yet finished - I want to add any new information
from  (please do not see as well the part on his works that presents
obviously any misunderstanding: it represents a lot of work and time few to
few to be corrected and develop)

[I apologize of an error on the translation of Marx that my husband noticed
yesterday, that is not "Manuscripts from 1844" but "The German ideology"
which original book of éd. Sociales he hold at the proper moment in his
hands: so yet now I do not think there stay any mistakes in the fr. bio]



" Jean Baudrillard
Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
et sur Wikinews.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Baudrillard

Integral Extract


Jean Baudrillard était germaniste de formation, né le 27 juillet 1929 à
Reims[1] et mort le 6 mars 2007 à Paris. Il était un sociologue et
philosophe français reconnu et célèbre dans le monde entier pour sa critique
des médias et de la société de consommation. Il est couramment rangé dans
les penseurs de la « post-modernité », ce qui lui a valu un certain nombre
de critiques, aussi bien à gauche, où on a pu critiquer son apparent manque
d'engagement et prétendu « apolitisme », et à droite, pour des motifs plus
traditionnels et conservateurs. Sa pensée, qui a fortement évolué depuis la
publication, à la fin des années 1960, du Système des objets et de La
Société de consommation, s'est concentrée sur la notion de « disparition de
la réalité », ce qui l'a rendu hermétique à un certain nombre de personnes ?
bien que sa philosophie n'ait rien à voir avec un quelconque hermétisme
délibéré. A l'égal d'autres penseurs, tels Jacques Derrida, son influence au
sein du système universitaire français est resté, pour l'instant,
restreinte, bien qu'il soit une référence majeure dans certains milieux
philosophiques, artistiques et politiques outre-atlantique.

La tombe de Jean Baudrillard est dans la 8e division du cimetière du
Montparnasse, quartier de Paris où de son vivant il résidait. Il a été
inhumé le mardi 13 mars dans le plus grand dépouillement de la cérémonie, si
ce n'étaient la présence de ses fidèles amis, de ses amateurs respectueux
(bien plus nombreux qu'on aurait pu le croire), des intellectuels et de
nombreuses personnalités, venus lui rendre hommage, parmi lesquels le
ministre de la culture Renaud Donnedieu de Vabres, pris au dépourvu devant
tant d'intérêt international soudain dévoilé par la Presse étrangère,
avouant en conclusion de sa brève allocution, d'une voix désemparée :
"J'aurais bien voulu parler avec Jean Baudrillard... Maintenant, il me reste
à le lire." 

Ce n'est pas le seul paradoxe que réserva la cérémonie devant le public
éberlué, à l'écoute de Alain Finkielkraut déclarant qu'il ne se passait pas
un jour sans qu'il lise Jean Baudrillard dont toujours il tenait un livre
ouvert sur son bureau, mais que d'un autre côté fréquenter la pensée de Jean
Baudrillard lui posait un grave problème personnel car : le système de
l'objet, le soulèvement des banlieues, le onze septembre, l'Islam
flamboyant, et nos villes infestées de grafitis : non !...

Un peu plus loin, à l'entrée du cimetière, vers l'avenue Edgar Quinet,
veillent d'un côté Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir, et de l'autre
Roland Topor, parmi les tombeaux ici qui comptent au coeur de la modernité
et de la post-modernité actives, dont celui de Charles Baudelaire.



Biographie [modifier]

Comment a-t'il pu devenir publiquement Baudrillard en marge des carrières de
la connaissance, et rester à la fois si droit et énigmatique, alors qu'il
fut par ses actes dans la Presse un homme public, et s'attira tant de
cabales où l'on prétendait le démasquer ?

D'origine paysanne, sa famille est structurée mais pauvre ; son père a du
devenir gendarme, avec sa mère ils vivent en caserne. Il est fils unique,
remarqué à l'école primaire par ses instituteurs, de ces missionnaires du
service publique ayant alors vocation de répérer les élèves capables de
suivre des études supérieures, qui l'aident à intégrer le lycée et à devenir
boursier ; puis, de concours en concours général, il se retrouve en
hypokhâgne au lycée Henri IV à Paris, pour préparer le concours d'entrée à
l'Ecole Normale Supérieure, en compagnie de son ami Michel Neyraut
(l'éminent psychanalyste). Il fait sa première rupture radicale, à la fois
amicale, amoureuse, studieuse et révolutionnaire, en tournant le dos au
concours, pour aller s'établir comme ouvrier agricole puis maçon à la tâche,
dans la région d'Arles. En quoi il lui sera attribué a posteriori d'avoir
été le premier intellectuel maoïste "établi" de France (comme il fondera au
moment de la révolution culturelle en 1962, avec Felix Guattari,
"L'association populaire franco-chinoise", qui produira un bulletin dont il
sera le rédacteur en chef)... A son retour, il finit ses études supérieures
à l'université des langues de la Sorbonne, obtient l'agrégation en allemand
et devient ainsi professeur nommé successivement dans différents lycées en
France, lecteur résident des universités en Allemagne, et lecteur de
littérature allemande aux éditions du Seuil ; il traduira plusieurs
ouvrages, notamment avec Gilbert Badia "Dialogue d'exilés" de Bertolt
Brecht, pour l'Arche (auquel répond le titre de son dernier ouvrage paru
chez Galilée en octobre 2005, "Les exilés du dialogue", entretien avec le
philosophe argentin Enrique Valiente Noailles), "Marat-Sade" de Peter Weiss
(éd. du Seuil), et encore avec Gilbert Badia, Henri Auger, et Renée
Cartelle, pour les Editions Sociales, "L'idéologie allemande" de Karl Marx,
et d'autres livres. Les poèmes de Hölderlin traduits pour Gallimard
resteront indédits. Cependant, il publie des articles critiques en
littérature internationale dans la revue fondée par Jean-Paul Sartre "Les
temps modernes". Il se marie avec Lucile et a deux enfants, Anne et Gilles
Baudrillard.

Etant père de famille, il passe au travers des points durs de la guerre
d'Algérie, comme appelé intellectuel affecté au service des archives, au
Centre du cinéma des armées, où il cotoie un acteur comme Jean-Louis
Trintignant (amateur de belles carosseries dans tous les sens du terme alors
en pleine passion amoureuse avec Brigitte Bardot)...

Toujours dans une perspective révolutionnaire mais aussi par détermination
pour la recherche, Jean Baudrillard fait sa seconde rupture en cessant
l'enseignement secondaire, quand il opte pour la philosophie politique et
entreprend une thèse de doctorat en troisième cycle de sociologie urbaine,
discipline fondée en France par Henri Lefebvre, tandis qu'il suit en même
temps les cours de Roland Barthes à l'Ecole Pratique des Hautes Etudes.
Théoricien central, puis exclu par l'othodoxie marxiste stalinienne du Parti
communiste français (PCF) en 1958, Henri Lefebvre est en plein rayonnement
de sa théorie de la vie quotidienne, qui contribue à la nouvelle critique de
la critique de l'économie politique ; il partage avec son jeune camarade
l'avant-gardisme radical sur la base duquel ce dernier développe son
hypothèse d'étude ; le doctorat qui en découle en 1967 remporte les
félicitations du jury et donne lieu au premier ouvrage édité de l'auteur,
"Le système des objets", qui paraît à la fin de l'hiver 1968, aux éditions
Gallimard. Au moment de l'essor du design auxquelles donnent lieu les
avant-gardes post modernes en France, en Italie et en Angleterre, à propos
duquel l'ouvrage apporte un éclaircissement infaillible sur les changements
de statut collectif qui en découlent, "Le système des objets" est
immédiatement remarqué dans les colomnes de la Presse artistique et
culturelle progressiste européenne. Le livre est publié dans la foulée de la
création, avec Hubert Tonka et Isabelle Auricoste, de la revue [[Utopie]],
inspirée par Henri Lefebvre, avec Catherine Cot et René Lourau, et un groupe
de jeunes architectes, le groupe Aérolande comprenant Jean Aubert, Jean-Paul
Jungmann, Antoine Stinco, également actif dans l'environnement de création
de la styliste Christiane Bailly. En même temps, Jean Baudrillard est devenu
chargé de cours (puis sera assistant et maître de conférence) à l'université
de Nanterre, dans le département d'Henri Lefebvre. La présence de ce
département engagé sur la ville, dans une université au milieu des
bidonvilles à la périphérie de Paris, où se précipitent les étudiants les
plus progressiste et révoltés, juste après les exploits situationnistes à
l'université de Strasbourg et après la fondation de l'urbanisme unitaire par
Constant et Ivain (quand Debord est encore un émule de Henri Lefebvre,
auquel l'a présenté Michèle Bernstein pour l'initier à la nouvelle théorie
marxiste), n'est pas étrangère aux premiers incidents qui y surviennent et
qui donneront lieu à l'occupation de la tour de l'université, le 22 mars,
date qui attribuera au mouvement son nom éponyme, dont les actes faisant
boule de neige à La Sorbonne, puis dans toutes les universités parisiennes,
et en France, seront sera à l'origine de la grève générale solidaire de mai
1968, en France... Jean Baudrillard et Jacques Donzelot, et leur insolence
universitaire et sociale complice, sont certainement les jeunes figures
pédagogiques de référence des activistes du mouvement du 22 mars. Des années
plus tard, Baudrillard déclarera :

    « On passait de l'histoire transcendante, la grande Histoire, à une
sorte de contre-histoire. On descendait vers l'anodin et la banalité qui
devenaient des objets dignes d'intérêt sur le plan historique (...) On était
déjà redescendu de l'Histoire, des grands mouvements sociaux et historiques.
Et finalement, sous ses airs un peu bénins, cette plongée dans la vie
quotidienne, même si je n'aime pas beaucoup ce terme qui est un peu
réducteur, c'était quand même une espèce de révolution. En fait, plutôt une
involution par rapport à l'Histoire. On descendait de la transcendance de
l'Histoire dans une espèce d'immanence de la vie quotidienne, et à travers
elles toutes ces choses telles que la sexualité qu'on avait largement
oubliées dans l'idéalisme historique. » [2]

Sans doute, la multiple richesse de sa vie amoureuse qui pour autant n'était
pas de l'ordre de la légèreté mais du choix, (qui ne fait pas le tableau de
tous ses domaines de séduction par ailleurs, peu s'en faut), mais
paradoxalement aussi sa grande fidélité, de la même façon que son goût de la
vitesse automobile convient peu à celui de la campagne sans électricité, à
laquelle il s'adonne chaque année dans Les Corbières, juste avant l'été, et
quoi qu'il arrive du reste de son année dans le monde, font-ils également
partie des mille vies, toutes assumées, de Jean Baudrillard. Ses ruptures et
ses choix le conduisent aussi à connaître des périodes de grande pauvreté ;
même si dans les quinze dernières années de sa vie il parvient à se mettre
hors d'atteinte, et d'ailleurs dans la plus grande générosité avec ses amis
et ses proches, on ne peut dire qu'il soit un intellectuel enrichi, c'est le
tribu de la libre-pensée mêle glorieuse, et son mode de vie quotidien
personnel reste toujours sobre non par souci d'économie mais d'équilibre
spontané. Il est considéré internationalement comme l'un des philosophes
principaux de la post-modernité et ses livres sont traduits et vendus
partout dans le monde. On peut dire que Baudrillard est proche de Gilbert
Simondon et surtout de Roland Barthes par les idées qui inspirent sa thèse
(d'ailleurs, Roland Barthes est l'un des membres éminents, avec Pierre
Bourdieu, composant le jury de ce doctorat dirigé par Henri Lefebvre), puis
"Pour une critique de l'économie politique du signe" et peut-être,
l'approche de domaines sensibles comme la photographie. On l'a rappproché de
Marshall McLuhan à cause de sa critique des médias qui en fait lui répondait
par la critique - complémentaire -, avec bien d'autres références non
citées, tant Baudrillard fut une plaque sensible des points de vue avancés
dans son temps, dont il sut ressentir et synthétiser la substance pour la
rendre manifeste, en relevant les défis théoriques. Il a été l'un des
créateurs de la revue-groupe « Utopie » (1967/1980), enseignant à
l'Université de Paris X Nanterre et directeur scientifique à l'Université de
Paris IX Dauphine (1986/1990). Co-fondateur notamment avec Paul Virilio du
comité de rédaction de la revue du CNAC Pompidou, "Traverses"
internationalement recherchée. Il était également membre de la direction de
la revue canadienne anglophone Ctheory, à laquelle participent aussi Paul
Virilio, et des écrivains, des musiciens et des artistes comme Bruce
Sterling, DJ Spooky (Paul D. Miller), Sterlac, Hakim Bey, etc.

Aujourd'hui publiée par l'université de Victoria, cette revue en ligne créée
en 1991 par Arthur et Marilouise Kroker, chercheurs et performeurs, est l'un
des supports anglophones de la pensée postmoderne au-delà des disciplines,
notamment la pensée de Baudrillard [3]. Mais le passeur des ¦uvres de Jean
Baudrillard aux Etats-Unis, à la source de sa carrière américaine, est
surtout l'éditeur de Semiotext(e) et ancien membre du Cerfi, dont la thèse a
également été informée par Roland Barthes, Sylvère Lotringer, qui a émigré à
New-York pour devenir professeur en littérature comparée et française, à
l'université de Columbia, et poursuit son activité d'éditeur chercheur
avant-gardiste. Notamment, dans les années 80, il organise l'accès du
philosophe dans l'art contemporain et les avant-gardes new-yorkaises. Avant,
dans les années 70, Jean Baudrillard fait un premier séjour studieux dans le
Colorado, puis il découvre les universités californiennes, y rencontrant les
grandes figures intellectuelles et littéraires du moment, tels Marshall Mac
Luhan, Philip K. Dick, Paul Watzlawick et probablement d'autres membres de
l'école de Palo Alto ou de la pensée cyber. C'est aussi l'époque d'une
carrière italienne du philosophe invité chaque année par le mouvement
sémiotique de Umberto Eco, à Urbino. En même temps et après, les autres pays
le demandent. Il ne faut pas plus d'une dizaine d'années pour qu'il devienne
connu au quatre coins du monde, alors que son pays persiste à ne pas lui
accorder d'importance, sauf au ministère des affaires étrangères qui reçoit
des centres culturels et des consulats les offres d'invitation au
philosophe.

Fondée sur la critique de la pensée scientifique traditionnelle, de la
notion traditionnelle de la réalité, et sur le concept de virtualité, sa
philosophie l'a amené à devenir satrape du Collège de Pataphysique en 2001 ;
en fait, la Pataphysique lui est connue depuis sa classe de Philosophie à
Reims, où il a été introduit par son professeur même dans cette "science des
réalités imaginaires". Il est membre de l'Institut de Recherche sur
l'Innovation Sociale au CNRS et rédige de nombreux articles et critiques
dans la presse. Il montre comment les tendances sociologiques contemporaines
comme les commémorations, les « tsunactions » (réaction de la société comme
celle qui a eu lieu après le tsunami qui a frappé les côtes sud-asiatiques
en 2005) et autres excès sont les moyens obscènes de l'extension quasi-«
totalitaire » du Bien pour obtenir une cohésion.

Notons que Jean Baudrillard, dans un esprit de recherche et comme amateur,
est un lecteur de poésie et de littératures modernes françaises et
étrangères, en outre de la philosophie et des sciences humaines et exactes,
un amateur de musiques, et de littérature de science-fiction, où sans doute
il trouve diverses idées stylistiques, notamment une préfiguration de
l'excès hyperbolique, issu de la fiction, qu'il appliquera expérimentalement
dans son propre cadre d'écriture scientifique.

Pour conclure la notice biographique, on ne pourrait se passer d'évoquer
l'énergie singulière de son ¦uvre, qui lui valut à la fois honneurs et
discrédit : il y a la source d'une sédimentation diachronique -- ou plutôt
anachronique -- de la connaissance, dans les concepts émergents de
Baudrillard, qui en dégage la multidisciplinarité traversante, et plusieurs
niveaux de lecture excédés par l'effet qu'ils produisent. Au-delà de
"l'effet Baudrillard", transfert de communication aux sciences humaines à
propos des événements, il édifie paradoxalement une philosophie personnelle
de la division existentielle, à laquelle il procure une réponse par le
dynamisme propre de l'objet comme illusion du monde, y compris le style.

Ainsi, dans la lignée nietzschéenne de l'immanence de l'être, il relève le
défi par cette échappée (peut-être l'ultime de la philosophie moderne qui
restât intègre de falsification dans l'univers des signes - selon Mckenzie
Wark), étant celle de l'objet comme étrangeté (altière) et qu'il met en
mouvement, non plus du sujet comme connaissance raisonnée et rationalisée :
il produit une grammaire conceptuelle générative du dispositif aléatoire des
choses, qui se prédisent entre elles (séduction des signes), à la fois
émergente du système marxiste de la production (à propos de la reproduction
industrielle) et de la critique du système de la valeur et de l'équivalence
générale, associée au dynamisme des langages dans la communication (selon
l'arbitraire du signe - entre les noms et leurs référents concrets -
instruit par Saussure), enfin ils livre la pensée à la création poétique de
situation. Le style de Baudrillard forme le lieu d'une écriture organique
(objet, structure du langage et structure de la pensée intégrés, sous la
forme du style qui contracte la dialectique dans une disposition paradoxale
aux combinatoires infinis, parmi lesquelles il choisit), largement à
distance du situationnisme, si ce n'est le situationnisme de l'écriture
elle-même comme praxis. Il a insipré de nombreux artistes et musiciens, et
aussi des cinéastes, depuis les Simulationnistes de New York jusqu'à Matrix,
dont il désavoua que ces oeuvres puissent représenter sa pensée (dont seul
l'écrit pouvait exprimer à la fois la complexité et sa propre vérité), mais
sans revendiquer qu'il ne fut possible de se servir de son travail et le
citer, à condition que cela se fasse sans lui... Car Jean Baudrillard était
de ceux pensant qu'une oeuvre n'a de destin qu'à l'aventure, déchaînée de
son créateur, libre, et encore, à l'instar de Paul Valéry, que la gloire
arrive souvent par malentendu. Peu d'écrivains ont vu leurs textes autant
reproduits gratuitement et librement, au grand dam des droits d'auteur,
notamment sur Internet. Il n'a jamais empêché la libre diffusion de son
travail, ni même parfois des falsifications (comme dans les cabales dont il
fut victime à partir d'extraits), dont il avait pourtant connaissance. Il
disait en toute chose : "Je ne trouve pas mes solutions dans la loi".

En quoi consiste à la fois l'hybride et la prédiction des concepts dans son
¦uvre théorique : l'¦uvre intégrante et "intégrale" (qui s'innove à
l'extérieur du champ des savoirs même si elle les requiert), et l'ouverture
d'un dépassement (autrement qu'en succession ou en progrès des références),
lance aux générations postérieures un défi original dans la création, sans
laquelle le savoir prend statut d'indifférence ; ce qui a porté atteinte au
pouvoir. Telle se présente encore aujourd'hui la cohérence de sa critique de
Foucault, qui a la fin de sa vie, dans une interview publiée à titre
posthume par "Les nouvelles littéraires" (journal disparu aujourd'hui),
reconnut qu'il avait exercé le pouvoir mandarinal, imposant sa conception et
la diffusion du structuralisme contre toute autre forme de pensée publiée en
France, et en fit l'auto-critique - peut-être une excuse à Baudrillard, que
Foucault avait probablement croisé aux dépens de celui-ci, chez Gallimard.

Donc la vie de Jean Baudrillard, c'est aussi l'engagement social de son
insolence contre les académismes, sous la forme d'une véritable attaque
contre le pouvoir (en toute chose). Autant de malentendus à la périphérie en
résultent - a fortiori s'il refusa de répondre aux sollicitations politiques
au plus haut niveau, ce dont on lui fit payer le prix. En fait, tous ses
choix de réserve et le radicalisme de son ¦uvre sont liés, la liberté de sa
pensée étant sa puissance (qu'il put la pousser à ses limites) - et la forme
intellectuelle de son activisme donnant corps à son ¦uvre, y compris dans sa
beauté (si on lui en concède).

En 1995, il épouse Marine (Martine Dupuis, directrice de la photographie du
support de Presse "Sciences et Avenir", entre autre).

Jean Baudrillard a été solidaire et amical des philosophes post modernes de
sa génération et les a visités jusque dans leurs derniers moments. Lui-même
a rencontré la solidarité de ses proches amis, notamment Michel Maffesoli,
Edgar Morin, Marc Guillaume, Jacques Donzelot, François Barré, Françoise
Gaillard, mais aussi Hubert Tonka, Jean Nouvel, Yann Kersalé, François
Seguret, Henri-Pierre Jeudy et d'autres rencontrés plus tard tel François
L'Yvonnet. Et puis, cette grande histoire intellectuelle aux alternances
conflictuelles, avec Paul Virilio. Il est important de dire que sa réussite
ne l'a jamais dépourvu de sa loyauté ni de sa fidélité envers ses amis dont
activistes de la première heure. Au titre de cette générosité indépendante
des opportunités de sa carrière, là encore, Jean Baudrillard fut un homme
exceptionnel. A travers la singularité de ses propres ressource humaines, on
peut aussi comprendre la multiplicité de son écoute du monde, telle qu'elle
imprègne ses actes publics mémorables, jusque dans la presse populaire, sans
populisme.

Il reste à mentionner son ¦uvre photographique, elle aurait commencé avec un
appareil automatique qui lui aurait été offert lors de son premier voyage
comme invité au Japon, en 1981 ; il est certain que le gadget devint un
compagnon inséparable, accompagnant tous les déplacements de celui devenu
l'"objecteur de vision" ; puis les photos développées changèrent de format,
structurant l'oeuvre seconde... Elle constitue un diptyque expérimental
éxogène, mais justement complémentaire, de son ¦uvre écrite ; "l'objet qui
vient se débarasser du sujet en se donnant à l'objectif", ce que l'écriture
n'aurait pu actualiser de l'existence des objets, les villes plutôt que les
gens, ses objets intimes et son propre corps quotidien comme objet de la
photo (non du narcissisme mais de l'observation). Sa première exposition eut
lieu à la Maison Européenne de la Photographie en 2000, à Paris, et depuis
s'est déplacée dans le monde. D'ailleurs, la photographie en général a
inspiré de superbes textes à Jean Baudrillard, y compris répondant à l'appel
de photographes comme le collectif "Tendance Floue", dont le dernier livre
"Sommes-nous?", avec un texte du philosophe qui les a suivis depuis le
premier ouvrage de leurs actes, vient de remporter l'Infinity award 2007 du
meilleur livre de photographie, de l'International Center Of Photography à
New-York. Avec le colloque au sujet de sa philosophie, au centre d'Art ZKM
de Karlsruhe, ce fut la très grande exposition "La disparition du monde"
dans l'espace de la Documenta, à Kassel, recension de ses photographies
depuis les années 70, pour la célébration allemande de ses 75 ans, en
hommage à son ¦uvre, il y a deux ans.

Jean Baudrillard, l'activiste en tout, le combat toute sa vie ciblant les
pouvoirs contre les pouvoirs, le dépassement intelligent du monde
inintelligible... Mais aussi, le génie personnel engagé, à l'acte de la
sagesse et de la ruse collectifs. Comme tout le monde se presse pour dire
que sa mort scelle la fin d'un monde, peut-on dire de lui, si Roland Barthes
revenant du Japon déclara que soudain il lui était devenu indifférent d'être
moderne : un démiurge après la modernité ? Et si, alors que son oeuvre fut
dite close sur elle même, elle était au contraire un primitivisme, dont seul
le temps qui lui succèdera révèlerait autrement le sens pour les autres...
un paradigme conceptuel de la formation du futur ? "





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